Direction Simona Stano (Turin) et Jean-Jacques Boutaud (Dijon)
Dijon, Maison des Sciences de l’Homme – 17 et 18 décembre 2014
Le colloque « Goût et identité culturelle » invite à une réflexion sur, d’une part, les liens entre signes, textes, discours et pratiques investis dans l’univers gastronomique, et d’autre part, le processus de construction et les formes d’expression de l’identité culturelle – ou, plutôt, des identités culturelles – à travers cet univers.
L’attention sera portée, prioritairement, sur les thématiques suivantes :
Le Goût, du langage à la communication
La cuisine, et plus généralement l’alimentation, ont souvent été comparées au langage et à la communication : il est vrai que, dans une perspective anthropologique, la nutrition est sans doute l’un des premiers besoins de l’humanité ; mais il est tout aussi vrai que, une fois satisfait, ce besoin est structuré dans un système de différences signifiantes. Quelles sont, en l’occurrence, les caractéristiques propres d’un tel langage ? Quelles sont ses formes d’expression ? Et encore, quels changements ont engendré ces aspects dans le temps et quelle configuration prennent-ils à l’époque contemporaine, caractérisée par de nombreux flux migratoires et l’avènement de ce que l’on appelle la globalisation alimentaire ?
Il est très intéressant, d’ailleurs, de s’attacher à l’analyse des langages et des formes de communication qui font référence à l’univers alimentaire : du cinéma aux diverses formes d’art, des dégustations oeno-gastronomiques aux blogs de cuisine, de la photographie à la mode, la nourriture est au centre de nombreux discours qui l’analysent et la racontent, en l’investissant de valeurs multiples et en l’insérant dans des programmes narratifs multiformes. Quelles sont les traces laissées par de tels discours ? Et comment ces discours affectent-ils notre perception de la réalité ? Quelles sont, enfin, les potentialités des médias par rapport à la représentation de la nourriture et du goût – et, en particulier, de leur dimension sensible et culturelle ?
Goût et identité culturelle
Si la cuisine traduit inconsciemment la structure d’une société, comme le dit Lévi-Strauss, l’univers gastronomique doit être examiné en tant que dépositaire des traditions et de l’identité du groupe. Instrument de l’identité culturelle, la nourriture représente également et surtout un lieu de rencontre entre identités et cultures différentes, notamment dans un monde marqué par des déplacements constants, des hybridations et contaminations. Quelles sont, à cet égard, les caractéristiques des différentes sémiosphères ? Quels sont les textes, discours et pratiques qui les caractérisent ? Quelles formes de textualité sont déposées par ces discours et pratiques ? Et comment les processus de traduction entre une sémiosphère et l’autre ont lieu ? Comment aborder cette question sur des bases saines et sereines, sans réveiller le vieux débat sur l’identité gastronomique consubstantiellement attachée à l’histoire et l’excellence d’un pays, et en valorisant bien davantage les aspects patrimoniaux, culturels, historiques et sociaux qui participent de la construction identitaire comme processus complexe au niveau du goût et de l’alimentation ?
Vigne, vin : imaginaire, représentations et circulation des modes de pensée
En accord avec le domaine Vigne et Vin reconnu par l’Université de Bourgogne comme domaine de spécialité et dans le contexte d’émergence du Pôle Bourgogne Vigne et Vin (Dijon), vigne et vin vont constituer une thématique centrale du colloque, dans une perspective de communication et de sciences humaines, sans exclusive pour d’autres disciplines qui se reconnaissent tout autant dans cet objet, ce domaine. Une question non moins centrale est celle de la circulation des modes de pensée dans la construction de l’image et de l’imaginaire du vin. Plus concrètement encore, il pourrait s’agir de voir comment s’articulent savoirs, convictions et croyances, dans le rapport à la vigne et au vin, entre producteurs, consommateurs et marchés.
Ces sujets de discussion sont ouverts non seulement à tout point de vue sémiotique, mais aussi aux contributions d’autres disciplines comme l’anthropologie, la sociologie et les études sur l’alimentation, y compris dans leur dimension expérimentale couplée avec les sciences humaines et sociales.
Pour conclure, il y aura une table ronde dans laquelle on reprendra toutes les thématiques analysées, en suggérant des lignes directrices pour les développements futurs d’un tel champ d’études.
Les actes du colloque seront publiés – avec des autres articles reçus et sélectionnés, en réponse à l’appel à communications – dans un numéro monographique de Lexia, le journal international classé, peer–reviewed de CIRCE (le Centre Interdépartemental de Recherche sur la Communication de l’Université de Turin, Italie), dédié à la thématique « Alimentation et identité culturelle ».